Présentation du château de Rochefort-en-Valdaine

Introduction
Le château de Rochefort appartient à une petite commune rurale du département de la Drôme, située à une dizaine de kilomètres au sud-est de Montélimar, à côté de Puygiron. La commune comptait 309 habitants en 1999, qui vivent actuellement dans un territoire formé de plusieurs hameaux. Au Moyen Age, la population était regroupée dans le village au pied d’une imposante colline, à proximité du Colombier, qui domine le paysage.

L’histoire du château est connue par les textes historiques et par l’archéologie. Elle est incomplète parce qu’il y a peu de textes connus. Les fouilles archéologiques des années 1980 (campagnes de 1981, de 1983 à 1987) ont apporté beaucoup de renseignements pour comprendre la chronologie et déterminer l’évolution du site castral avec les différentes occupations depuis le Moyen Âge. Elles ont été dirigées par Michèle BOIS qui a concentré ses recherches sur la motte castrale et le donjon principalement.
 

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Le site est occupé pendant presque un millénaire de manière inégale. Il domine et surveille un espace économique important au Moyen Age, au nord la plaine de la Valdaine et au sud les collines boisées s'étendant vers le Tricastin.

 

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Notre groupe a visité le château le 12 novembre 2012 sous la direction de Mme Giffon, après avoir effectué un début de recherche dans la documentation écrite ou internet au collège. La visite nous a aidé à comprendre les vestiges archéologiques bien conservés de ce château. Nous proposons une brève présentation du site à partir de fiches que nous avons écrites par groupe.



I - Evolution du château et de son architecture

Nous avons résumé et simplifié l’évolution du site en cinq phases.

Première phase : la motte castrale
L’archéologue Michèle Bois a repéré trois mottes sur une barre rocheuse à Rochefort. Le château médiéval de Rochefort est aménagé sur l’une de ces trois mottes dès le XIe siècle. Il s’agit probablement d’une tour construite sur un mamelon rocheux retaillé, défendue au sud par un fossé et au nord par la falaise rocheuse naturelle.

 

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Deuxième phase : de la motte au château-fort
Un château de pierre succède à partir du XIIIe s. à la motte castrale. Rappelons le contexte archéologique des châteaux.

Le château à motte

Les populations ne se sentent pas en sécurité au Xe s.. Les seigneurs construisent les premiers châteaux afin de les protéger. Mais comme la pierre est trop coûteuse et ils élèvent alors une motte de terre, appelée motte castrale sur laquelle on construit une tour en bois défendue par une palissade qui délimite un espace appelée la haute cour. Si la tour abrite le seigneur, on emploie le terme de   donjon. 
La basse-cour est formée de plusieurs parties : les écuries, les réserves et le logis du seigneur, si la tour n'est pas habitable. Le fossé, la levée de terre et la palisade représentent les éléments de défense. Ce système est déjà connu à la préhistoire.

Le château en pierre

Au XI e siècle, la situation politique se stabilise. La France est divisée en grandes principautés rivales. Le roi est un seigneur comme les autres et ne peut imposer son autorité sur son royaume.
Le comte d'Anjou Foulques III révolutionne les châteaux forts : il introduit la pierre. Il construit beaucoup de châteaux sur ses terres. car le château est un moyen de contrôle des territoires tout autour. Il invente à Loches, un nouveau type de construction : le donjon résidentiel. Le premier étage est considéré comme l’étage noble. Au deuxième étage, se trouve la chambre du seigneur, la camera. Le dernier sert à l’habitat et à la défense également.
Le donjon du château de Rochefort correspond en partie à ce modèle. Il a été construit  vers 1220. Le flanc ouest de la motte a été entaillé pour en recevoir les fondations, le mur ouest est construit directement sur le fond du fossé. Il a une hauteur de 18 m.  La tour est conservée sur trois niveaux : la réserve basse, la grande salle ou la salle noble et la terrasse actuelle. La porte est à l’origine au nord : elle donne à grande salle voûtée éclairée par deux fenêtres, une grande au sud, une petite à l'ouest. L’entrée est défendue par une barre de fermeture qui barrait le passage et que l’on faisait glisser à l’intérieur dans des trous aménagés dans l’épaisseur des murs latéraux et toujours visibles.

On descendait par une trappe dans la réserve basse, seulement aérée par une fenêtre étroite. Un espace aménagé dans l'angle nord-ouest renferme les toilettes  avec leur conduit d'évacuation vers l'extérieur. Il n’y avait pas de cheminée. On se chauffait avec des braseros.
Dans l’angle sud-est, en hauteur, un passage en escalier intégré dans les murs conduit à un autre niveau au second étage, aujourd’hui une terrasse, mais autrefois aménagé en pièce en partie couverte. Cela laisse supposer qu’il y avait peut-être une salle des gardes surmontée d’une terrasse pour surveiller la région. Des vestiges d’un escalier intérieur dans le mur nord confirment cette idée. Car le donjon actuel offre une vue remarquable sur la plaine de la Valdaine.


 

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L’escalier intérieur est éclairé par de très petites ouvertures. Son palier a pu communiquer du côté extérieur, vers l’est grâce à un aménagement, peut-être une passerelle, avec un autre bâtiment situé sur la motte.

Une grande enceinte, reprise plusieurs fois assure la défense du site. Elle est renforcée par un chemin de ronde dont on a des vestiges dans la partie nord, un crénelage avec des créneaux et des merlons attesté sur le mur du pigeonnier. On voit des meurtrières dans la partie sud. 
Cette enceinte délimite l’espace du site castral divisé en deux parties indépendantes l’une de l’autre. La première est une cour, à l’ouest,  de dimension réduite, que l’on pourrait qualifier haute cour ou cour noble réservée à la famille du seigneur. On y accède par une porte qui s’appuie sur l’angle sud-ouest de donjon. Une tour de défense au XIIIe siècle est construite à l’extrémité ouest de l’enceinte. Elle est munie de deux archères dans ses murs sud et ouest.

 

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La deuxième partie, beaucoup plus grande serait la basse-cour où se trouvent actuellement la chapelle Saint-Blaise, le cimetière, la motte. Une porte au nord de l’enceinte permet d’accéder directement au vieux village. La population passait par là pour s’y réfugier.


 

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La chapelle castrale dédiée à saint Blaise date du XIIIe siècle. Elle a été l’église paroissiale de Rochefort jusqu'en 1935. Elle a été transformée au cours des âges. C’est un bâtiment de 22 m. de long et de 10 m. de large. Il est couvert d'un toit en tuiles à double pente. A l'intérieur se trouve un maître autel en pierre avec deux pilastres sur lesquelles se trouvent les statues de saint Vincent et de saint Blaise. La cloche actuellement en place date de l'an 1674 pour un diamètre de 57cm et une hauteur de 52 cm. Elle pèse 150 kg.

Troisième phase : les aménagements d’espaces plus confortables à vivre au XVe siècle
Le château à la fin du Moyen Âge connaît des changements importants. Le donjon subit de grandes transformations.  La porte nord est bouchée et l’entrée au donjon se fait depuis la cour ouest par un escalier extérieur. Une porte est créée au rez-de-chaussée pour accéder à la réserve basse.


 

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Les seigneurs rénovent les bâtiments et réaménagent l’espace. Ils construisent au nord, entre le donjon et la tour ouest, un corps de logis comprenant des salles chauffées par des cheminées, une cuisine avec une cheminée à deux conduits et un four au nord. Un escalier à vis bâti contre la tour permettait de desservir les pièces des différents niveaux.
A l’angle sud-ouest du donjon, une galerie couverte, voûtée d’ogives et datant également du XVe siècle, relie le corps de logis à la tour maîtresse du château.

Le pigeonnier est aménagé contre la muraille dans la cour noble. Les seigneurs avaient, sous l’Ancien Régime, le droit  d’élever des pigeons. Les niches sont aménagées dans le mur.

Quatrième phase : l’abandon à partir du XVIIIe s.

A la Révolution française, les textes nous apprennent que le château est inhabité depuis longtemps et qu’il « tombe de vétusté", c’est-à-dire qu’il commence à tomber en ruine dès le XVIIIe s.. A la fin du XIXe s., le donjon fait l’objet de réparations par son propriétaire le comte de La Baume Dupuy-Montbrun.

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Les cartes postales anciennes du début du XXe s. montrent qu’une grande partie des murs était encore debout pour le château. Le vieux village fortifié par une enceinte et bâti sur le flanc nord de la colline du site castral, est abandonné progressivement au début du XXe s. 

Cinquième phase : la sauvegarde du château


La famille Dupuy-Montbrun vend le château en 1972 à un particulier qui lui-même le revend en 1984 à l'association ACROCH (Atelier Communal de Rochefort). Celle-ci le cède ensuite à la commune de Rochefort-en-Valdaine.

Se trouvent dans un bon état de conservation le donjon, la  chapelle. Il ne reste que des murs du pigeonnier avec ses niches, du corps de logis, de la galerie avec ses arcs brisés et ses blasons et le rempart

La commune a consolidé à plusieurs reprises des tronçons fragiles de l’enceinte. Elle a décidé de valoriser le donjon pour accueillir du public. Le bâtiment a été mis en sécurité et restauré. Un escalier permet d’accéder du premier étage à la terrasse où l’on a une très belle vue sur la région. Une table d’orientation aide à se repérer. L’association ACROCH propose des animations. Elle organise des expositions dans la salle noble, des visites guidées du site. 

 

20_enceinte.jpg La restauration et la valorisation du site
par la commune
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II - Le château et ses occupants

Le premier seigneur connu de Rochefort s'appelle Gontard Loup en 1137. Celui ci a donné des terres de sa seigneurie à l’abbaye cistercienne de Morimond où est construite l'abbaye d'Aiguebelle en Tricastin.
En mars 1270, le comte de Valentinois devient  propiétaire de la seigneurie de Rochefort.
Quinze ans plus tard, le château passe aux mains de la famille de Taulignan qui est peu connue. Il y a peu de documents sur elle. Bernard de Taulignan est qualifié seigneur de Rochefort en 1299.
La période des XIVe-XVe siècles est troublée par les crises de la fin du Moyen Âge par la Peste noire, la guerre de Cent ans  et les destructions de châteaux ou de villages liés à l’action des Grandes Compagnies. Ce sont des bandes armées de mercenaires démobilisés le temps des trêves signées entre les pays engagés dans les guerres. Rochefort subit des destructions importantes comme beaucoup de sites dans la régions.
En 1472, le château est habité par les Dupuy-Montbrun avec Eynier Dupuy. L’ensemble castral reste propriété de la famille Dupuy-Montbrun jusqu’en 1972. Il n’est pas habité entre 1702 et 1746.
Le dernier propriétaire est la commune de Rochefort-en-Valdaine. Le château est sauvé, il n’est plus menacé de ruine. C’est un très beau site.


III - Ses fonctions

Le château est la résidence du seigneur et de sa famille ainsi que de ses gardes. Il a une fonction défensive : protéger la famille du seigneur. les villageois trouvent refuge dans l’enceinte du château en cas de danger.  Ils passaient par la porte nord de la courtine débouchant sur le village. Sa construction sur une hauteur permet de voir arriver les dangers. Il sert aussi à montrer la puissance politique de ses propriétaires nobles : il domine les deux vallées, au nord et au sud. Le seigneur affirme son pouvoir grâce à l’élévation impressionnante du donjon d’une hauteur de 18 m. au minimum. Enfin, le château a une fonction économique : il est le centre de la seigneurie qui est un espace de production sur lequel le seigneur prélève des taxes sur les paysans. La réserve correspond à une portion de ce territoire que l’on retrouve fréquemment au Moyen Age et que le seigneur exploite directement à son compte.


IV- Quelques événements 

La première mention du seigneur de Rochefort-en-Valdaine date du 26 juin 1137. Le seigneur Gontard-Loup donne des terres aux moines de Morimond pour la fondation de l'abbaye cistercienne d'Aiguebelle près de Saint-Paul-Trois-Châteaux.
 

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Vers 1217, Simon de Monfort à la tête de la croisade des Albigeois dans le sud de la France, s’empare du château de Rochefort qu’il détruit.
Les textes historiques indiquent que, à la fin du XIVe s., Raymond de Turenne, en guerre contre le pape et le comte de Valentinois, ravage la région pendant une dizaine d’années.  En 1389, il détruit le château et le village de Rochefort. Les fouilles archéologiques confirment cette destruction, suivie d’un abandon du site, par la découverte d’objets militaires, des pointes de flèches et d’arbalète, datant de cette époque.



Conclusion

Les châteaux au Moyen Age se trouvaient en hauteur, protégés par des remparts, par des tours et d’autres éléments défensifs. Le château de Rochefort-en-Valdaine, est important du point de vue archéologique pour sa motte principale, son donjon, ses remparts. Le visiteur peut, grâce aux vestiges conservés, imaginer tel qu’il était au Moyen Age et comprendre son évolution.


 

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Il connaît son apogée aux XIIIe-XIVe siécles. Son aspect défensif est dominant. Au XVe s., ses propriétaires apportent des aménagements qui le rendent plus confortable. Il tombe en ruine à partir du XVIIIe s.. Il est laissé dans un état d’abandon jusqu’à ce que la petite commune de Rochefort-en-Valdaine le rachète et décide d’engager des restaurations. Le château est sauvé de la ruine.


Sources et bibliographie

- Collectif, CHATEAU de TERRE : de la motte à la maison-forte. Histoire et archéologie médiévales dans la région Rhône-Alpes, Catalogue d'exposition en 1989
- Fiche "visite du château de Rochefort", Gabriel Giffon.
- Dépliant touristique "Rochefort en Valdaine".
- Livre "Histoire de Rochefort-en-Valdaine" écrit par Gabriel Giffon et Michèle Bois en 1999.
- “La grande histoire des châteaux forts” in Arkéojunior n°202, décembre 2012, p.18-20.
- Le site internet de l’association ACROCH : http://acroch.free.fr     
- Visite guidée du château le 12 novembre 2012 par Mme Giffon.
- Illustrations : photographies des élèves et du professeur B. Guillaume excepté les plans (M. Bois), la copie de la carte postale ancienne (site Delcampe).


 

Article rédigé par les élèves de l'option Archéologie 5e Eva, Lilou, Solène, Barbara, Naïs, Lola, Lucie, Julien, Clément et Pascal
sous la direction de leur professeur d'histoire et conseillés par l'archéologue Michèle Bois que le collège remercie.

Publié le 03/09/2018
Modifié le 03/09/2018